Le Vendée Globe, une aventure humaine sans limites (Rubrique Journal du Campus)

Rédigé le 27/11/2020
Quentin THOMOUX de P05


Par Quentin Thomoux de Première 05

Avez-vous eu déjà cette chance de prendre la mer ? Si oui, vous comprendrez alors la citation d’Aristote « Il y a trois sortes d'hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer ». Et bien comprenez-vous que les marins du Vendée Globe sont encore une autre catégorie de personnes. Ce sont ceux qui osent braver la mer et ses caprices pour nous offrir tous les quatre ans un spectacle grandiose pendant deux à trois mois.

Mais d’abord, qu’es ce que le Vendée Globe ? Et bien c’est à ce jour la plus grande course à voile autour du globe, en solitaire, sans escale et sans assistance sur des IMOCA de 60 pieds. Initié par le navigateur Philippe Jeantot, la première édition du Vendée Globe réunissait treize marins. Ainsi, le 26 novembre 1989 le Vendée Globe naissait. Depuis tous les quatre ans, au mois de novembre s’élance cette merveilleuse course pour deux à trois mois. Cette durée s’explique par son parcours pour le moins simpliste mais exigent : une descente vertigineuse de l’Atlantique suivie par le tour de l’Antarctique en passant par l’océan Indien et le Pacifique. Les marins contournent ainsi les trois caps : le Cap de Bonne-Espérance, le Cap Leeuwin et avant le mythique Cap Horn. La course se poursuit par la remontée de l’Atlantique pour une arrivée au port de départ : les Sables d’Olonne. Ce parcours de 24 296 milles1 est semé d’embuches comme par exemple la zone de convergence intertropicale appelée « Pot au noir » mais surtout les tempêtes dans les mers du Sud. Savez-vous qu’il y a moins de personnes qui ont fini le Vendée Globe que de personnes qui sont allées dans l’espace ? En effet, sur les huit dernières éditions, 67 concurrents en ont pris le départ et seulement 89 d’entre elles ont coupé la ligne d’arrivée. Ainsi, le Vendée Globe est surnommé par un grand nombre l’Everest des mers.



Le Vendée Globe, c’est avant tout l’histoire d’hommes et de femmes qui partent soit pour la gagne, soit pour l’aventure. Leur histoire commence dès l’instant où leur projet de Vendée Globe trotte dans leur tête. Pour la plupart, ils doivent défendre leur projet auprès d’un ou plusieurs sponsors pour trouver un financement. Et c’est en proposant à une ou plusieurs entreprises de participer à cette aventure que les concurrents trouvent leur sponsor. Après, le skipper embauche du personnel pour former une équipe afin de l’aider à préparer pour le mieux le Vendée Globe. De plus, selon le projet de chacun, il y a la construction ou l’amélioration de l’IMOCA. En effet, tous les concurrents partent sur un bateau qui respecte les mêmes normes, c’est-à-dire une longueur de 18.28 mètres2, un tirant d’eau maximum de 4.50 mètres3 et un tirant d’air maximum de 29 mètres4. Il y a cependant un choix architectural assez libre ce qui permet aux ingénieurs et architectes de fabriquer des voiliers les plus performants de leur génération avec notamment l’apparition des foils5 depuis 2016. Une fois le bateau construit, il faut le fiabiliser, réparer les pièces qui cassent, optimiser le bateau. Et comme c’est un projet humain, il faut aussi répondre à la sollicitation médiatique plus ou moins présente selon le sponsor. Tous ces facteurs font du Vendée Globe une expérience déjà unique avant même qu’il est véritablement commencé.



Le côté le plus touchant est sans doute les histoires personnelles de chacun, des sponsors et de leurs actions. Savez-vous que le bateau skippé par Samantha Davies aux couleurs d’Initiatives-Cœur permet in fine de sauver des enfants africains de problèmes cardiaques ? Que le skipper Nicolas Troussel a cherché un sponsor pendant de nombreuses années avant d’obtenir son ticket pour cette édition ? Que de nombreux concurrents comme Boris Herrmann ou encore Kojiro Shiraishi emmènent des bouées de mesure pour sonder nos océans afin d’augmenter nos connaissances sur le dérèglement climatique. (Boris Herrmann emmène en plus des stations de mesures pour augmenter la surface sondée). Que le sponsor de Thomas Ruyant, Advens a offert sa visibilité médiatique à une association, nommé LinkedOut afin de faciliter la réinsertion professionnelle des personnes vivants dans la rue ? Et je ne vais pas toutes vous les lister tellement le Vendée Globe regorge d’histoires passionnantes quant à la motivation des skippers



Et une fois le départ lancé, au bout du chenal des Sables d’Olonne, deux histoires commencent : celle des skippers qui vont écrire leur propre histoire pendant environ 80 jours et celle de tous ceux qui restent à terre et qui vont la vivre par procuration à travers les images envoyées depuis la mer tout en faisant fonctionner l’imaginaire. Et je peux vous dire que chacun des concurrents va vivre une expérience unique : tous le disent, ils en reviennent changés à jamais. Chacun à son objectif personnel, il y a bien sûr celui de gagner mais avant tout celui de finir, d’être dans le top 10, sous les 80 jours ou encore le 1er des non foileurs. Un certain Michel Desjoyeaux disait : « le Vendée Globe, c’est une emmerde par jour » Et bien sachez que ceux sont tous ces problèmes qui font la beauté du Vendée Globe. Mais parfois, certains problèmes sont bien plus graves empêchent le navigateur de finir et d’atteindre son objectif. Le plus souvent, un contact avec un OFNI6 ou un démâtage provoque l’arrêt brutal de leur participation à la course. Et lorsque la vie humaine est mise en péril, ceux sont tous les marins qui mettent en suspend leur course pour venir aider leur camarade. C’est aussi cela l’histoire humaine du Vendée Globe car tous ne sont pas revenus comme Gerry Roufs, un canadien disparu en mer en 1996. Ainsi, chacun écrit son histoire, cherche à atteindre son objectif tout en partageant au maximum sa course.

L’arrivée ? Cela se produit quand vous franchissez la ligne d’arrivée. Il ne s’agit en moyenne que de 50% des marins, les autres ont souvent malgré eux été contraints d’abandonner. C’est un moment magique qui se produit alors, que vous soyez premier ou dernier, peu importe, vous venez d’accomplir un voyage exceptionnel en solitaire et en l’espace de quelques minutes, vous retrouvez des milliers de spectateurs venus vous acclamer. Il n’y a pas plus beau spectacle ! Il ne vous reste alors plus qu’à répondre aux sollicitations et de profiter de l’instant. Et si vous êtes spectateurs, cela provoque un effet similaire sauf que c’est vous qui avez les questions et c’est vous qui faites la beauté d’une arrivée !

Voilà vous savez tout ou presque du Vendée Globe et des émotions transmises par la course en elle-même.

Définitions :

  •      24 296 milles correspondent à 44 996.2 kilomètres. Les marins utilisent le mille nautique comme unité de mesure et 1 mille équivaut à 1.852 kilomètres.
  •      18.28 mètres correspondent à 60 pieds. Les pieds sont généralement utilisés pour donner la longueur d’un bateau.
  •      Le tirant d’eau est la profondeur de la quille par rapport au niveau de la mer.
  •      Le tirant d’air est la hauteur du mat par rapport au niveau de la mer.
  •      Les foils sont des appendices qui agissent comme des ailes d’avions afin de faire voler le bateau au-dessus de l’eau et par la même occasion, diminuer fortement la traînée afin d’obtenir un gain de vitesse considérable. Ils sont appelés les foileurs.
  •      Un OFNI est un objet flottant non identifié, c’est-à-dire un conteneur, une bille de bois, une balise dérivante ou encore un cétacé.