Réforme du baccalauréat : Trop précipitée ? (Rubrique journal du Campus

Rédigé le 03/12/2019
sebastien.loyer@saintpaul56.org


La nouvelle réforme du lycée et du baccalauréat laisse de nombreuses questions sans réponses. Que peut-on dire sur elle deux mois après son application à la classe de première ?

Une plus grande liberté qu’auparavant

C’est indéniable, l’ambitieux système des spécialités laisse aux élèves une plus grande liberté qu’auparavant. Mais cela ne vient pas sans contreparties, et elles sont bien lourdes. Selon le Ministère de l’Education Nationale, 92% des lycées devaient proposer au moins 7 enseignements de spécialité, mais dans les faits, certains lycées peuvent descendre jusqu’à 5 enseignements. Inutile de préciser que 8% des lycées ne représentent pas 8% des élèves : les lycées ne pouvant afficher beaucoup de spécialités sont globalement des petits lycées en zone rurale notamment. Les inégalités restent donc limitées, mais la réforme ne les a pas réduites, bien au contraire. Difficile donc de réprimer un sourire ironique lorsque Monsieur Blanquer parle de l’égalité des chances comme l’un des principaux défis de son ministère.

Le programme de mathématiques correspond davantage à un niveau S qu’ES

Le choix des spécialités pose un autre problème, et pas des moindre. Faut-il prendre les mathématiques ? La réponse peut sembler simple, mais elle est en réalité bien plus complexe. Le programme est lourd, plus exigent, et correspond davantage à un niveau S qu’ES. Dans ces conditions, comment peuvent faire les élèves avec un niveau moyen en mathématiques, mais qui en ont tout de même besoin pour leurs études supérieurs ? Ils se retrouvent face à un choix binaire : abandonner les mathématiques et risquer de voir des portes se fermer post bac ; ou tenter la spécialité et la subir dans la moyenne générale, ce qui pourrait là aussi fermer des portes. Dans cette situation causée par le flou sur les critères d’admissions de l’enseignement supérieur, il n’y a pas vraiment de bon choix. Le programme de mathématiques n’est pas le seul à être plus difficile. Pour le même nombre d’heures qu’auparavant, le nombre de textes à préparer pour l’oral de français passe de 18 à 24. Loin d’être remis en question, le bachotage est intensifié. Les programmes compris dans l’enseignement scientifique (les SVT et la physique-chimie) ont aussi changé, ils sont considérés comme plus complexes et moins intéressants qu’il ne l’était en ES ou en L.

C’est indéniable, la réforme 2021 est pleine de bonnes volontés, mais elle souffre d’une mise en application trop rapide qui l’amène à compliquer les choix d’orientation des élèves, et à rendre l’admission post bac encore plus incertaine qu’auparavant.
 

Damien MICHEL de Première 10