2020, une année exceptionnelle (rubrique Journal du Campus)

Rédigé le 17/12/2020
Owen Le Dily de P01


Photo ci-dessus : Quelques unes de journaux marquantes retraçant les événements de l'année 2020, ici celles de Libération, La Croix, Daily News, L’Équipe, The Economist, Le Figaro, Time, Le Monde, Aujourd’hui en France, Ouest France.


 

Il y a tout juste un an était publié, sur Visa, un article intitulé « 2020, une belle année en perspective ». Pendant ce temps, le 31 décembre 2019, comme un prélude à cette année, la Chine alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : une épidémie a commencé à Wuhan. Mais si 2020 a été extraordinaire, ce n’est peut-être pas de la manière dont on aurait pu s’y attendre… Retour sur une année hors-normes.

Janvier : Brexit et Australie.
L’année commence – malheureusement – presque normalement avec de violents incendies qui ravagent l’Australie. Pendant ce temps, la France est en plein débats sur la réforme des retraites ; l’organisation des premiers – et uniques – E3C se heurte en outre à des protestations.
En Chine, face à une pneumonie mystérieuse, un confinement très strict est décrété à Wuhan ; la France et de nombreux pays européens rapatrient leurs ressortissants, mais tout continue comme avant.



Le Brexit (source : AFP/Emmanuel Dunand).

Le 31 janvier à 23 h, faute de faire sonner Big Ben, un compte à rebours géant aux faux airs de Nouvel an célèbre la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. God save the Queen et Rule, Britannia ! sont de rigueur ; l’Union Jack est de sortie alors que, déjà, les négociations d’un accord commercial se préparent. Après quatre reports, le Brexit a enfin lieu. Avec du recul, peut-être s’agissait-il du seul événement plus ou moins prévisible de cette année…

Février : L’épidémie devient mondiale.
L’épidémie de Covid-19 atteint l’Europe et touche l’Italie.

Mars : « Nous sommes en guerre ».
Le 1er mars à 22 h, Auray, Carnac et Crac’h deviennent parmi les premiers foyers de contamination en France, comme pour inaugurer un mois qui sera le premier véritablement marqué par l’épidémie en France. Le 2 mars à 9 h, une annonce au micro retentit dans le lycée : les élèves et professeurs de ces communes doivent observer une « quatorzaine ». Pour nombre d’entre nous, c’est la première répercussion de cette maladie d’apparence si lointaine sur notre vie quotidienne ; c’est aussi la première expérience des cours en ligne pour quelques dizaines d’élèves.
Alors que la carte des foyers de contamination s’étend inlassablement dans le Morbihan , que les rassemblements sont interdits, que les clubs de sport ferment, trois annonces successives du président de la République et du Premier ministre font entrer la France entière dans une nouvelle ère, durant laquelle nous vivons au rythme de l’épidémie.



Allocution télévisée du président de la République, Emmanuel Macron (capture d'écran).

Jeudi : fermeture des écoles ; samedi : fermetures des bars et des restaurants ; lundi : confinement généralisé. « Nous sommes en guerre », déclare Emmanuel Macron. Au lycée, nous nous faisons nos derniers adieux et nous préparons aux cours en ligne. Chaque soir à 20 h, on applaudit les « soignants ». C’est la nouvelle routine du confinement.

Avril : Masques et « jours heureux ».
Le confinement se prolonge en France ; désormais, toute l’Europe est atteinte. L’Italie, l’Espagne, la France et le Royaume-Uni sont les pays les plus touchés ; à présent , les morts se comptent chaque jour par centaines, au total par dizaines de milliers. La France est accusée de ne pas avoir été assez préparée ; la pénurie de masques entraîne des scènes irréalistes, entre réquisitions, vols et stockage dans des entrepôts se transformant en véritables chambres fortes…
À cela s’ajoute une crise économique sans précédent. Une partie conséquente des Français est désormais au chômage partiel, la production s’arrête, l’économie s’effondre. Face à la chute de la demande, le pétrole se vend à des cours négatifs autour du 20 avril. Le PIB chute dans le monde entier, particulièrement en France, le troisième pays le plus touché derrière l’Italie et l’Espagne.
Mais, après un pic début avril, l’épidémie commence à lentement décroître. Le 13 du même mois, Emmanuel Macron annonce : « Nous retrouverons les jours heureux », alors qu’il prévoit le déconfinement pour le 11 mai.

Mai : Déconfinement, « Black Lives Matter ».
Alors que la France se rouvre petit à petit, un événement tragique met le feu aux poudres aux États-Unis. Le 25 mai, George Floyd meurt sous le genou d’un policier à Minneapolis, dans le Minnesota. Dès le lendemain, la ville s’enflamme, des milliers de personnes défilent dans la ville, clamant deux slogans : « Black Lives Matter », et « I can’t breathe », les derniers mots de George Floyd, qu’il a prononcés seize fois avant de mourir, asphyxié.



Manifestations « Black Lives Matter » (source : AFP/Olivier Douliery).

Dans les jours qui viennent, des centaines de milliers de personnes défilent, aux États-Unis et partout dans le monde, pour réclamer « justice », mettre fin aux discriminations et aux crimes racistes.

Juin : « La vague verte ».
Quelques semaines après la levée de la quasi-totalité des restrictions, une nouvelle vague s’abat sur la France. Mais il ne s’agit pas d’un pic épidémique… Le 28 juin, plus de trois mois après le premier tour des élections municipales en France – l’avant-veille du confinement, les résultats des élections dans les grandes métropoles tombent les uns après les autres.
Et, surprise, nombre d’entre elles voient arriver à leur tête des maires « écolos », souvent à la tête d’une large coalition de la gauche. Grenoble, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Marseille… toutes ces communes sont désormais dirigées par un maire Europe Écologie-Les Verts (EELV). À Lille, seules 227 voix – sur plus de 40 000 – départagent Martine Aubry (Parti socialiste) de son concurrent écologiste.
Cette « vague verte » ne concerne néanmoins que les grandes villes ainsi que les métropoles et peut être atténuée par le très fort taux d'abstention (près de 58 %).

Juillet : Le bac annulé.
Fin juin et début juillet, les sessions du dernier « ancien bac » sont annulées. Le diplôme, marqué par un taux de réussite historique de 95,7 %, est attribué au contrôle continu.
C’est aussi en juillet, plus précisément le 3, que Jean Castex devient Premier ministre en France, succédant à Édouard Philippe.
Durant les mois de juillet et d'août, la propagation du Covid-19 est au plus bas. À partir du 20 juillet toutefois, le port du masque devient obligatoire dans les lieux publics clos.

Août : Beyrouth meurtrie.



Incendies après les explosions à Beyrouth (source : AFP).

Le 4 août, il est 18 h quand une première explosion, puis une seconde, retentissent à Beyrouth, au Liban. L’explosion de 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium, un engrais extrêmement explosif, fait s’élever dans le ciel un nuage en champignon. Son souffle cause des dégâts dignes des pires catastrophes dans la capitale du Liban. Le bruit de l’explosion est entendu jusqu’à Chypre, à plus de 200 km de là !
Cette catastrophe, dont la puissance serait équivalente à un dixième de celle de la bombe d’Hiroshima – ce qui ferait d’elle « une des plus grosses explosions non-nucléaires de l’histoire », cause la mort de 204 personnes et fait plus de 6 500 blessés qui peinent à être pris en charge dans des hôpitaux sous-équipés et surchargés en raison de la pandémie de Covid-19. Au 26 octobre, neuf personnes sont toujours portées disparues ; les dégâts matériels se comptent en milliards d’euros et l’explosion a ravagé des quartiers entiers de la ville de Beyrouth.
Dans les jours qui suivent, de nombreux pays – notamment la France – proposent leur aide au Liban pour aider le pays à reconstruire sa capitale et à se remettre de cette catastrophe.

Septembre : Rentrée masquée.
La rentrée scolaire a lieu le 1er septembre. Pour beaucoup d’entre nous, mis à part quelques jours en juin, c’était la première fois que nous rentrions au lycée depuis près de six mois. Mais cette année, le masque est obligatoire.

Octobre : « Nous continuerons, professeur ».



Hommage à Samuel Paty à La Sorbonne (source : AFP).

Au mois d’octobre, la France est endeuillée par une série d’attentats terroristes. Déjà, le 25 septembre, deux personnes avaient été blessées à l’arme blanche près des anciens locaux de Charlie Hebdo, ravivant le spectre des attentats de janvier 2015.
Le 16 octobre, un professeur d’histoire-géographie, Samuel Paty, est assassiné et décapité devant la sortie de son collège, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Le terroriste est un jeune Tchétchène ; il a agi après que, le 9 octobre, Samuel Paty a montré à ses élèves des caricatures de Mahomet publiées dans Charlie Hebdo. Cet attentat engendre de nombreuses réactions en France et dans le monde : la liberté d’enseigner, la liberté de caricaturer, les libertés d’opinion, d’expression, de la presse et le droit au blasphème sont réaffirmés.
Un hommage national est rendu à Samuel Paty à La Sorbonne, durant lequel Emmanuel Macron prononce un discours rappelant les valeurs de la République. Il déclare : « Nous continuerons, professeur. Avec tous les instituteurs et professeurs de France, […] comme vous, nous cultiverons la tolérance. […] Nous rappellerons que nos libertés ne tiennent que par la fin de la haine et de la violence, par le respect de l’autre. »
Plus tard, après un autre attentat à la Basilique de Nice qui fera trois morts le 29 octobre, ce sera dans toutes les écoles, tous les collèges et tous les lycées de France qu’un hommage sera rendu à ce professeur, assassiné pour avoir enseigné. Un temps de débat a lieu ainsi qu'une lecture de la « lettre aux instituteurs », de Jean Jaurès.

Novembre : Joe Biden président.
Pendant tout le mois de novembre et jusqu’au 15 décembre, un deuxième confinement est instauré en France alors qu’une « deuxième vague » déferle sur le territoire national. Mais les lycées sont ouverts ; seuls les élèves de seconde, l’espace de quelques semaines, retrouvent les cours à distance deux jours par semaine. Toujours au lycée, des affiches qui nous auraient semblé irréalistes – voire absurdes – font leur apparition : « Masques obligatoires », bien sûr, depuis septembre, mais aussi « Chiffons obligatoires ». Au self, la file d’attente retrouve sa forme de file plutôt que celle d’un vaste attroupement anarchique – pourvu que ça dure !



Joe Biden et Kamala Harris (source : AFP/Olivier Douliery).

Ce mois de novembre est surtout marqué par l’actualité internationale, avec un sujet majeur : les élections américaines. Après plusieurs jours de suspense, Joe Biden et Kamala Harris sont déclarés vainqueurs, par les médias, des élections présidentielles aux États-Unis, le samedi 7 novembre. Il faudra attendre le 14 décembre – conséquence de ces élections réalisées au suffrage indirect – pour que le collège électoral confirme cette victoire. Le président sortant, Donald Trump, n’avait à cette date toujours pas reconnu sa défaite.

Décembre : Vaccins, Valéry Giscard d'Estaing, Vendée Globe et Pro D2… mais pas que !



Valéry Giscard d'Estaing à la fin de son mandat, en 1981 (source : Archives nationales).

Le 2 décembre, Valéry Giscard d’Estaing, président de la République française de 1974 à 1981, meurt des suites du Covid-19, à l’âge de 94 ans. Il avait participé à la construction européenne et avait socialement libéralisé la France, notamment en abaissant la majorité à 18 ans et en dépénalisant l’IVG.
Quelques jours plus tard, une lueur d’espoir est enfin permise ; le 8 décembre, la première vaccination contre le Covid-19 dans le monde – hors essais cliniques – a lieu au Royaume-Uni. Puis, partout dans le monde, les campagnes de vaccinations sont lancées, priorisant principalement les personnes âgées, à risque et le personnel soignant. En France et dans l’Union européenne, la campagne pourrait commencer dès la fin décembre, sous réserve de l’approbation des vaccins par les autorités sanitaires.
Sur le plan sportif, cette fin d’année 2020 est aussi riche en événements et en surprises. Le Vendée Globe s’est élancé le 8 novembre et promet de belles performances même si, pour cette édition, les skippers sont largement en retard sur le record de 2016-2017. En rugby, le RC Vannes a pris plusieurs semaines de suite la place de leader du classement de la Pro D2 et caracole toujours parmi les équipes en tête, avec Perpignan et Oyonnax.

De quoi permettre, peut-être, un peu d’espoir pour 2021 ?