Des (presques) diplomates au campus : le MFNUM , késako ?

Rédigé le 08/03/2021
Par Owen Le Dily, élève en P01


Photo en une : Les lycéens de l'atelier MFNUM au cours de la formation sur les négociations internationales dont ils ont bénéficié le mercredi 17 février.

De tous les sigles que l’on peut trouver au lycée, celui-ci est sans aucun doute le plus barbare : le MFNUM [n.d.l.r. : prononcez « M-F-num »], pour « Modèle francophone des Nations unies du Morbihan ».
Alors, face à ce véritable défi, certains préféreront l’appeler « atelier ONU » ; pour l’Académie de Rennes, cela se nomme « Objectif de développement durable (ODD) ».
Tous ces noms différents éclairent ce qu’est réellement le MFNUM. Il s’agit de sessions de débat durant lesquelles les élèves s’efforcent d’imiter le modèle de l’ONU avec pour but de répondre à l’Agenda 2030, un ensemble de 17 objectifs – les fameux ODD – à réaliser d’ici 2030 et à l’échelle planétaire. Ces objectifs ambitieux (« Pas de pauvreté » ; « Faim zéro » ; « Égalité entre les sexes », …) visent à assurer un développement durable pour l’humanité, avec le concours des Nations unies.
Concrètement, cette petite cinquantaine d’élèves de première et de terminale se répartissent en délégations de différents pays, puis rédigent des "résolutions", textes très formels qui imaginent quelles pourraient être les solutions apportées à ces problématiques.



Photo ci-dessus : Les dix-sept objectifs de l'Agenda 2030 (crédit photo : capture d'écran/ONU).

Une première courte session d’une heure s’est tenue au lycée, au mois de décembre. Les représentants de la Chine, des États-Unis, de la Russie, du Royaume-Uni, du Danemark, de la Turquie, du Mexique ou encore du Mali ont chacun lu leur projet de résolution sur le thème « Prendre des mesures face au changement climatique », avant de débattre sur le sujet.
Bien sûr, la difficulté n’est pas tant de s’impliquer dans le débat mais de s’efforcer à respecter la position du pays que l’on représente – pour la Chine ou la Russie, ce peut être parfois ardu.
Tous les ans, une grande session de plusieurs jours est également organisée à Saint-Paul. Elle rassemble diverses autres sections de lycées morbihannais, ainsi que le lycée Saint-Benoît d’Istanbul, dans le cadre d’un échange avec des lycéens turcs. C’est l’occasion de croiser différents regards et de débattre sur des sujets d’actualité…

Cependant et forcément, l’échange a été abandonné cette année, tout comme l’an dernier. Mais alors que certains commençaient à franchement désespérer, la section MFNUM du lycée Saint-Paul a été sélectionnée par l’académie de Rennes pour participer à une session rassemblant neuf autres lycées. Celle-ci aura lieu le mercredi 19 mai dans l’hémicycle du Conseil régional de Bretagne. Actualité troublée oblige, les lycéens débattront sur l’ODD n° 3 : « Bonne santé et bien-être ».
Le lycée représentera trois États : la Chine, l’Indonésie et le Mali. Chaque groupe enverra quatre ambassadeurs mais toute l’équipe s’impliquera pour mener à bien ce projet.

Par ailleurs, tous les élèves participant au MFNUM ont pu, mercredi 17 février, participer à une formation – à distance – assurée par d’anciens élèves de Sciences Pô Rennes et portant sur trois sujets : la rédaction d’une résolution « onusienne », les négociations internationales et l’art du discours.
La rédaction d’une résolution « onusienne » est la partie la plus formelle de l’exercice : entre l’en-tête extrêmement codifié, les clauses de préambule – les fameux « considérant que » – et le dispositif, aussi appelé clauses d’action – le véritable corps de la résolution, qui introduit les décisions à prendre – il y a de quoi s'y perdre ! Mais avec un peu d’entraînement, cela devient – presque – naturel.

L’art du discours a sans doute été ce qui servira le plus à chacun des lycéens ; même si parler à la tribune d’une institution internationale n’arrivera pas nécessairement à chacun, être en capacité de prendre la parole en public en structurant son argumentation est toujours très utile.
Ainsi, ayant pris note des précieux conseils du formateur, chacun sera libre de tenter de se prêter à cet exercice. Mais cela permet aussi d’éviter de tomber dans des pièges face aux argumentations des autres. Si l’on peut affirmer que « Socrate est un homme, or les hommes sont mortels, donc Socrate est mortel » – un célèbre exemple de syllogisme, il est ainsi plus difficile de croire que « Socrate est mortel, or les chats sont mortels, donc Socrate est un chat »
Enfin, les négociations peuvent aussi servir à chacun ; peut-être, toutefois, sans l’enjeu de discussions interétatiques. De nombreux conseils – chercher la conciliation plutôt que le conflit, avoir une position claire et argumentée, savoir faire des concessions tout en défendant l’essentiel de ses idées – peuvent s’appliquer à la vie de tous les jours. Là encore, il s’agit de quelque chose d’utile.

À présent, la prochaine étape pour les lycéens participant à ce projet consiste à réaliser une vidéo présentant leur pays puis à rédiger une résolution. Tout cela en gardant comme objectif de se confronter aux autres délégations, lors de la session du 19 mai…
Ce projet est extrêmement formateur, notamment pour les élèves qui souhaiteraient étudier le droit ou les sciences politiques. Si cela vous intéresse – et que vous êtes en seconde ou en première, il ne vous reste plus qu’à postuler pour la rentrée prochaine !