COP 25 : un nouvel espoir ? (Rubrique Journal du Campus)

Rédigé le 10/12/2019
toremthomas@gmail.com


« Time for action »

« Time for action », c’est la devise de la COP 25. Mais ce pourrait également être celle de son organisation… Suite aux désistements successifs du Brésil (après l’élection du président Bolsonaro, officiellement pour des raisons budgétaires), puis du Chili, à cause des manifestations qui paralysent le pays, l’Espagne a tout juste un mois pour préparer cette conférence des Nations Unies sur le climat. Elle sera tout de même présidée par le gouvernement chilien, en la personne de Carolina Schmidt, ministre chilienne de l’environnement. Le ministère de l’écologie français a lui repris cette devise, en « plus d’excuse pour attendre », dans un but de 0% d’émission de gaz à effet de serre en 2050, en appelant à une « Mobilisation Générale » sur Twitter.

C’est quoi, une COP ?

COP signifie « conference of parties », c’est-à-dire, dans la langue de Molière, une conférence des Etats signataires. Les COP organisées par le CCNUCC, Convention Cadre des Notions Unies sur les Changements Climatiques, rythment chaque année l’action contre le réchauffement climatique, depuis 1996, date de l’entrée en vigueur de cette convention, signée quatre ans plus tôt à New York.
Elles consistent en des réunions, des conférences et des négociations entre Etats, sous l’observation de différents acteurs également concernés, comme des ONG, des scientifiques, des syndicats, des chercheurs, des experts, ainsi que des représentants de catégories de population ou d’entreprises (populations autochtones, industriels, agriculteurs…). Cependant, seuls les Etats ont un pouvoir de décision.
Les COP sont souvent critiquées car leurs décisions ne sont, d’une part, pas assez ambitieuses, et d’autre part, pas contraignantes : les Etats peuvent choisir de prendre la décision qu’ils veulent. Par exemple, la dernière COP ayant abouti à un accord sur le climat, signé par la plupart des pays du monde (malgré le retrait des Etats-Unis de Donald Trump), était la COP 21. Celle-ci prévoyait de limiter la hausse de température à 2°C, du début de l’ère industrielle à 2100, voire à 1,5°C si possible : c’est l’accord de Paris sur le climat.
Seulement, malgré ces objectifs, aujourd’hui, les engagements pris par les Etats correspondent à une hausse de 3°C, ce qui entrainerait déjà des dégâts irrémédiables sur la planète et ses habitants, notamment à cause de la hausse du niveau des océans. Et en 2019, seuls… seize pays (sur 187) ont pour le moment respecté leurs engagements en adoptant une politique stricte de réduction des gaz à effet de serre.

Où en est-on ?

Cette année, la COP a un goût particulier, la prise de conscience de l’irrémédiabilité du dérèglement climatique est maintenant globale. En effet, des millions de jeunes ont marché pour le climat, partout dans le monde et plusieurs vendredis dans l’année. Greta Thunberg, à l’initiative de ce mouvement, a pris la parole lors du sommet de l’ONU sur le climat, en septembre. En France, une action en justice, « l’affaire du siècle », a été menée contre l’Etat au début de l’année, et la pétition qui la soutient a recueilli plus de deux millions de signatures, ce qui en fait la pétition la plus signée de l’histoire de France. En France toujours, des éco-délégués ont été élus, pour la première fois, dans tous les collèges et lycées. La nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, s’est engagée à mettre en œuvre un « Green deal » européen. Et le Parlement européen a déclaré, la semaine dernière, l’Urgence climatique, tout comme l’Assemblée nationale en juin.
Cependant, dans le même temps, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Une augmentation moins marquée qu’en 2018, mais une augmentation tout de même, de 0,6%. Cette « baisse de la hausse » est loin d’être suffisante pour respecter l’accord de Paris, qui prévoit une baisse d’entre 20% et 50% des émissions jusqu’en 2030, puis la neutralité carbone dès 2050. Elle est en fait due à la baisse de la part du charbon dans la production énergétique mondiale. Si l’on décompose cette hausse, on peut voir que les émissions des pays émergents augmentent, notamment la Chine (+2,3%), et l’Inde (+1,8%). Les émissions de l’Union Européenne, elles, diminuent très légèrement, grâce, encore une fois, à la baisse de la part du charbon. Cette baisse est bien sûr un progrès, mais elle est à pondérer avec la croissance économique (20 fois plus faible dans l’UE qu’en Chine), et avec la population. Et, pour compléter ce tableau, la décennie 2010-2019 s’annonce comme étant la plus chaude depuis 1850…

Que va changer la COP 25 ?

La COP 25, débutée lundi dernier et ayant lieu jusqu’au vendredi 13 décembre, est la dernière COP avant la mise en œuvre de l’Accord de Paris, prévue l’année prochaine. Il s’agit donc de s’entendre sur les derniers détails de son application. Ainsi, la COP 26 à Glasgow est déjà dans tous les esprits : c’est alors seulement que les pays présenteront leur plan d’action.
En attendant, ce sont les petits pays qui s’engagent le plus, alors que les pays du G20 ont du mal à s’affranchir de la croissance économique, alors qu’ils seront relativement épargnés par les conséquences du réchauffement climatique, dans un premier temps. Au contraire, ce sont les Etats insulaires du Pacifique et de l’Océan Indien, responsables à eux tous de moins de 0,1% des émissions de gaz à effet de serre, qui risquent de disparaître complètement, engloutis sous les eaux.
La COP 25 ne suscite donc peu d’espoir, et risque de n’avoir aucun effet concret. Ce sommet sera néanmoins l’occasion de rencontres internationales. Sont ainsi prévues des réunions entre ministres des finances, des sciences, de l’énergie, des transports, mais aussi sur des thèmes aussi variés que les forêts, les océans, les populations autochtones, l’agriculture dans les pays du sud, sur l’économie circulaire ou encore sur la place des femmes dans la lutte contre le réchauffement climatique…

Et nous dans tout ça ?

Certains iront penser que nous ne pouvons qu’observer ces temps de débats entre dirigeants qui, ne seront même pas obligés de respecter leurs promesses…. Mais détrompez-vous, en effet, on ne peut débarquer à l’improviste dans la salle de conférence de la COP 25 et hurler aux dirigeants que le monde va mal, ce serait un peu utopiste. Il y a néanmoins d’autres moyens d’actions qui peuvent aider à faire pencher la balance. De notre côté, l’option du vote n’est pas encore envisageable, ou bien pour peu de lycéens, c’est surtout la manifestation et les actions quotidiennes qui peuvent faire avancer, on dit souvent que « les petits ruisseaux font les grandes rivières » et dans notre cas, c’est ça qui marche. Des marches pour le climat sont organisées, et même si on ne peut pas y être, on peut agir de notre côté, par des actions simples, comme l’économie d’énergie, d’eau ou de déchets, ces actions simples peuvent souvent changer pas mal de choses dans notre monde… Au niveau des classes, cette année vous avez également élu des éco-délégués qui sont chargés de mettre en place des projets pour éviter toute sorte de gaspillage. En clair, chacun peu y mettre du sien dans ce projet, mais pour qu'il puisse être mené à bien, il faudra que tous s'y mettent...

Pour tout connaître sur l’action pour le climat de la France : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2019-05/datalab-46-chiffres-cles-du-climat-edition-2019-novembre2018.pdf
 

Owen le Dily de Seconde 14 et Thomas Torel de Seconde 06