À Saint-Paul, le projet « À vous les critiques ! » donne la parole au Goncourt des lycéens

Rédigé le 29/11/2021
Par notre rédactrice Chiara Le Roy (S17), cheffe du service société

Petite nouvelle au sein de notre campus, l'équipe de rédaction Visa a vu le jour grâce aux ateliers journal et radio déjà existants, dont la fusion a permis la naissance de ce projet. Ici, l'une de nos jeunes rédactrices s'est intéressée à un sujet littéraire en s'entretenant avec l'une des professeures de français, coporteuse de l'idée. Entretien.



Le vendredi 19 novembre, j’ai interviewé Madame Durham, professeure de français et l’une des organisatrices du projet « À vous les critiques ! », au lycée Saint-Paul. Mais qu’est-ce que c’est, ce projet ?

« À vous les critiques ! » est organisé par l’académie de Rennes, et l’organisation du Prix Goncourt des lycéens, pour tous les lycées de Bretagne. Les compétences que les élèves vont acquérir sont nombreuses, même si les plus importantes sont celles de lecteur et de rédaction.

Ouverture culturelle et esprit critique

En effet, ils vont devoir rédiger une critique littéraire à propos de l’un des livres nommés pour le Prix Goncourt des lycéens. Mais ce n’est pas facile ! Les participants au projet ont dû développer leur esprit critique et apprendre à critiquer une œuvre, même lorsqu’ils l’ont adorée – ou l’inverse, d’ailleurs !

De plus, il leur a fallu devenir le plus proche possible de l’œuvre et donc découvrir de nouveaux livres qui, souvent, ne donnent pas forcément envie de les lire, de par leur page de garde ou encore par leur titre, souvent peu expressifs.

À chacun sa manière de « critiquer »...

Ensuite, ils ont dû choisir quel type de critique ils voulaient écrire car, oui, il en existe plusieurs. Madame Durham m’en a d’ailleurs donné plusieurs exemples, à l'image de l’un des élèves qui a décidé d’écrire sa critique sous forme de poème, car il trouvait que cela correspondait mieux avec le livre choisi ; un autre a écrit la sienne de la même manière que l’écrivain, en reprenant les mêmes figures de style, etc.

Enfin, la dernière difficulté – et apprentissage – que les élèves ont dû surmonter est de découvrir comment s’exprimer à l’écrit dans un langage soutenu et de formuler une argumentation en justifiant son choix, ses opinions.

Un avis sur la sélection, Madame Durham ?

J’ai alors demandé l’opinion de Madame Durham concernant les livres de la sélection, et elle m’a répondu qu’il y avait, dans ces derniers, des qualités comme des défauts. Elle m’a cité certains livres comme étant très accessibles et intéressants, comme S’il n’en restait qu’une, de Patrice Franceschi, qu’elle dit avoir adoré.

Le seul reproche qu’elle pourrait faire à la sélection du prix Goncourt des lycéens de cette année est la déviation des types de livres – censés être des fictions – devenus bien trop souvent, d’après elle, des biographies ou autobiographies, avec plusieurs fois un arrière-plan historique fort, comme dans l’œuvre Carte Postale, d'Anne Berest.

Les émotions mises à rude épreuve...

Madame Durham pense ainsi que « la fiction a été mise de côté ». De plus, l’un des livres nommés a fait l’objet d’une alerte du Rectorat, en raison des termes crus et francs utilisés pour parler et dénoncer l’inceste.

Malgré cet avertissement, une élève aurait tenu à ce livre et, à travers sa critique, Madame Durham m’a dit que ce qui ressortait était qu' « elle n’en est pas ressortie indemne ». Ce livre se nomme Voyage dans l’Est, de Christine Angot et, d’après cette professeure, « il faut être armé pour le lire ».

Un projet pour s'intéresser autrement à la lecture

Lorsque j’ai demandé à Madame Durham la raison pour laquelle elle a décidé d’encadrer ce projet, elle m’en a expliqué deux.

La première est qu’elle n’a commencé à aimer lire qu’au lycée : au collège, elle détestait ça mais elle a réussi à se passionner pour la lecture grâce à un auteur contemporain grâce auquel elle n’a plus jamais arrêté de lire. Elle cherche donc toujours le moyen d’amener les élèves vers la lecture, à aimer à lire surtout que, d’après elle, les livres du Prix Goncourt sont le moyen parfait pour générer cette passion, car ils sont accessibles et plaisants.

La deuxième raison qui l’a poussée à s’engager dans ce projet, c'est que ces livres et cette activité lui permettent de sortir un peu de l’esprit des classes, où le programme ne permet pas tellement de faire découvrir des auteurs contemporains aux élèves alors que, à ses yeux, « il est plus facile d’aimer un livre proche de nous que du Zola », bien que les livres plus classiques soient tout de même très intéressants.

Un peu de secondes et premières... beaucoup de terminales !

Je lui ai aussi demandé qui étaient, en général, les élèves. Elle m’a répondue qu’ils venaient de tous les niveaux même s’ils sont peu – dans son groupe en tout cas – en seconde et première alors que les terminales en spécialité Humanités, littérature et philosophie ont, dès le départ, été très enthousiastes, surtout que les thèmes abordés dans les livres nommés correspondent plutôt bien à leur programme de cette année.

En guise de dernière question, j'ai demandé à Madame Durham à quoi cela peut-il servir aux élèves pour leur choix d’avenir ? En effet, nous savons tous que les dossiers scolaire et périscolaire revêtent une importance capitale pour le choix et l’acceptation personnelle dans une école avec, notamment, Parcoursup.

Un lien (plutôt) étroit avec le parcours professionnel...

Madame Durham a pour avis que cela peut vraiment aider à partir même des choix de spécialités en seconde : les thèmes abordés dans les livres sont souvent des sujets de société, cela peut donc permettre aux élèves de savoir, par exemple, si les spécialités littéraires les intéressent ou non.

Elle pense que, dorénavant, il faut savoir se démarquer sous tous les plans pour avoir le plus de choix possible, et que la participation à ce projet sera sans doute un vrai plus pour les dossiers des élèves, surtout ceux voulant aller en école de journalisme, en prépa littéraire ou à Sciences Politiques.

La meilleure critique dévoilée avant les vacances...

Madame Durham a donc conclu cette interview en m’annonçant que les élèves iront à Lorient très prochainement afin de rencontrer des écrivains , alors que les critiques ont été envoyées lundi 12 novembre.

Nous aurons les résultats de l’élection de la meilleure critique d’ici les vacances de Noël ! Nous souhaitons donc une belle visite et bonne chance aux participants de « À vous les critiques ! ».