Dans le cadre de la journée internationale des droits des femmes organisée auprès des lycéens en première à Saint-Paul, un groupe d’élèves a pu visionner deux films réalisés par leurs camarades du même niveau de la spécialité cinéma audiovisuel (CiAV), sélectionnés par leur enseignant Éric Gudenkauf car en lien avec la thématique du jour. Récit d’un échange riche et libre entre une douzaine d’élèves volontaires.
![[8 MARS] La jeunesse engagée pour les droits des femmes... à travers le cinéma](https://cmsphoto.ww-cdn.com/superstatic/1945946/art/grande/63051696-46117802.jpg?v=1651616274 "[8 MARS] La jeunesse engagée pour les droits des femmes... à travers le cinéma")
En guise d’introduction, les élèves de l‘atelier ont écouté un extrait de podcast radio qui donne la parole à des collégiens – surtout des collégiennes – à propos de l’adolescence, de l’égalité hommes-femmes.
Les jeunes femmes qui composaient notre groupe ont immédiatement affirmé se reconnaître à travers les problèmes soulevés : la sexualisation du corps des femmes ressentie à l’adolescence dans le regard des garçons plus âgés qu’elles, le harcèlement de rue, etc.
Des sujets sensibles mais des échanges constructifs
La discussion se poursuit : elles parlent avec leur cœur de leur colère. Pourquoi leur interdit-on de porter des “crop tops” ? À cause du regard que pourraient porter les garçons sur elles ? Cela les excède. Elles voudraient porter ce qu’elles veulent.
Le visionnage du clip réalisé par Eva Dody sur la musique Not my responsibility, de Billie Eilish, apporte alors une prolongation parfaite à cet échange. Les élèves disent y voir enfin le corps de la femme comme de l’art et non quelque chose de vulgaire. Les paroles dénoncent le jugement des autres sur notre corps et, à l’image, on voit des jeunes filles filmées de près : des corps gracieux et réels avec leurs imperfections et leur beauté. Le fait que ce soit une jeune femme qui ait réalisé ce film conforte les spectateurs du groupe : il est sensuel et intime, mais montre un point de vue rare d’une personne seule avec son corps, un regard assumé et nouveau.
Des supports de discussions par les lycéens... pour les lycéens
Le deuxième clip, réalisé par Titouan Le Peutrec, illustre un autre morceau de la même artiste (“NDA”) et provoque beaucoup de réactions chez notre groupe. Atmosphère tendue, oppressante, pour ce clip qui dénonce avec talent la violence conjugale au sein d’un couple de jeunes lycéens. L’usage des ralentis, de l’alternance entre le noir et blanc et la couleur, en plus du montage millimétré par rapport à la musique, touchent notre auditoire. Ils sont sensibles à cette jeune fille sous l’emprise d’un garçon violent. Une élève du groupe se dit que l’arbre de la scène finale représente la société qui cache la violence faite aux femmes. Le réalisateur l’avait-il envisagé ainsi ?
Eva Dody et Titouan Le Peutrec n’ont certainement pas choisi leur sujet par hasard : ils ont su, via leur art, transmettre des messages puissants. Des messages bien reçus, en cette journée du 8 mars, par ce groupe d’élèves spectateurs qui ont pris la parole et mis des mots sur des problèmes qui touchent les jeunes femmes d’aujourd’hui.