Mardi 7 octobre 2025, jour hautement symbolique, deux ans après l’attaque du Hamas sur Israël, les élèves de terminale de la spécialité HGGSP ont eu l’opportunité d’étendre leurs connaissances géopolitiques avec l’intervention d’un général de l’armée de terre française.
La conférence aborde les thématiques de la guerre et de la paix, sujets qui furent étudiés au préalable en classe. Le général Chanson y expose tout d’abord l’idée du « retour de la guerre », théorie selon laquelle la guerre reprend de l’ampleur au sein des sociétés depuis le début du 21e siècle. La considération importante accordée aux conflits influence l’ensemble de l’organisation mondiale. Les États imposent des taxes afin de financer des campagnes militaires, ce qui a pour conséquence la révolte populaire. Les guerres sont aujourd’hui caractérisées par leur lien constant à la mondialisation. Il s’agit, entre autre, de guerres commerciales et économiques, notamment causées par la hausse du protectionnisme et la volonté d’une hégémonie mondiale des pays les plus développés. Les barrières douanières et taxes frontalières se font plus nombreuses dans des conflits opposant les puissances telles que la Chine et les États-Unis. Si d’une part il est question de cette nouvelle arme de guerre, pour le moins dangereuse économiquement, d’autre part les guerres intraétatiques se multiplient dans le monde, opposant des belligérants aux rapports de force asymétrique, conduisant ainsi à des massacres et une létalité forte. Au cours de sa vie professionnelle, le Général Chanson vit la guerre et ses changements. Les conflits connaissent depuis la fin de la guerre froide et l’arrivée de l’arme atomique de grandes évolutions.
Le général Chanson, du fait de sa grande expérience militaire, à savoir une douzaine d’opérations dont huit conflits majeurs qui représentent quatre années mises bout à bout, nous fait part de ses observations concernant les évolutions de la guerre dans le monde. Au service de l’armée depuis quarante ans, il est témoin de la transition vers des conflits irréguliers et intraétatiques, qui tendent aux extrêmes de la violence, faisant des civils les principales victimes. Il tient tout d’abord à rappeler qu’une guerre est avant tout un emploi légitime de la violence et des armées, à des fins uniquement politiques. Autrement dit, « La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens. » (De la Guerre, Clausewitz).
Quelques conflits sont évoqués par l’intervenant durant la conférence, allant de la Guerre Froide jusqu’à nos jour) début des années 2000 et l’offensive étasunienne sur l’Afghanistan. Le monde bipolaire de la Guerre froide confrontant les Etats-Unis et l’URSS instaure une nouvelle forme de conflit. La dissuasion nucléaire des puissances dotées impose aux belligérants de prohiber la confrontation directe, entraînant ainsi des guerres asymétriques aux enjeux globaux. Le game changer est en effet la cause principale de la hausse des guerres non conventionnelles. Il entraîne la montée du terrorisme et des guérillas.
Le monde bipolaire de la guerre froide et la volonté des deux puissances mondiales américaines et soviétiques d’exercer un pouvoir hégémonique sur le monde créé un climat de tension à l‘échelle internationale. Les guerres de plus en plus violentes alimentent la montée aux extrêmes de la fin du siècle. Le cas du Tchad par exemple, conflit pour lequel la France intervient seule entre 1980 et 1987 est le témoignage d’une extrême violence.
Alors que les idéologies communistes et libérales s’opposent, la recherche d’extension territoriale alimente des guerres impérialistes, dans lesquelles les pays vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale prennent partis suivants leurs propres interêts politiques. De plus, les anciens empires, notamment coloniaux, tentent d’instaurer des démocraties dans les nouveaux États indépendants. Par exemple, le conflit en Côte d’Ivoire post-colonial qui se déroule entre 2004 et 2008 à pour objectif de rétablir une démocratie remplaçant le dictateur au pouvoir. Le cas du Kosovo est en revanche, l‘image d’un échec dans la paix démocratique, par la confrontation directe de démocraties : la France et le Royaume Uni contre la Serbie. L’objectif d’une guerre est toujours d’origine politique.
La guerre sert des intérêts propres à chaque État, et peut donner, par la conquête de territoires, un accès privilégié à des ressources. La guerre du Golfe illustre bien cette idée. En effet, les États-Unis tentent d’accéder au pétrole du Koweït, énergie essentielle au bon fonctionnement de la société de consommation américaine. De nos jours, cette montée aux extrêmes se traduit majoritairement par des conflits de nature non conventionnelle de part les moyens utilisés pour faire la guerre et l’origine des affrontements qui ont évolué. Dès le début des années 2000, des guerres civiles éclatent, conflits intraétatiques opposants des armées à des populations pour des raisons ethniques, politiques ou religieuses. Une coalition internationale, et notamment française, sous mandat de l’ONU a été déployée en Somalie en 1992 dû à la guerre civile. Le général Chanson, envoyé sur le terrain en tant que casque bleu décrit un paysage misérable, véritable désastre humanitaire, dont les populations somaliennes souffrent de mal nutrition, « des enfants avec des brindilles à la place des bras », pour reprendre ses mots.
Le massacre inter ethnique du sud du Tchad, ou encore le massacre de Srebrenica (aux dérives de génocide) engendre une létalité civile forte, point essentiel de la montée aux extrêmes par le non-respect du droit de la guerre. Face à ces violences civiles, des coalitions internationales sous mandat de l’ONU interviennent dans certains conflits afin de maintenir la sécurité collective, et plus globalement la paix. L’idée du devoir d’ingérence est notamment avancée par Kofi Annan lors de son mandat en tant que secrétaire général de l’ONU, face aux violences civiles en hausse. À la question d’un élève sur la situation au Proche-Orient, le général donne sa vision du conflit - : « La solution de la raison est celle des deux États. » selon lui, ainsi qu’en évoquant les 50 000 morts civils palestiennes il y a « chiffres que l’Histoire peut digérer », avant de répéter « La guerre, c’est vraiment terrible. »
La transition des guerres conventionnelles aux guerres non conventionnelles, aussi appelée montée aux extrêmes, expliquée par le général Chanson lors de son intervention, est finalement le moyen pour les élèves de terminale d’apprendre une théorie explicitée par un praticien militaire. L’illustration de ses propos par des exemples concrets permet une meilleure appréhension du sujet, et le rend d’autant plus passionnant.
Romane Le Barbier et Elouann Briendo

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